Le ventre de l’Atlantique
Fatou Diome publie le ventre de l’Atlantique en 2003, édité chez Anne Carrière ou en poche. Dans ce roman, elle raconte le lien entre Salie et Madické. Ils sont frère et sœur : elle est en France, lui au Sénégal. Il a la tête pleine de rêves de foot. Elle est confrontée aux difficultés d’intégration. Ce roman offre une réalité plus humaine et concrète de ce que signifie être un immigré. On est loin des tribuns pérorant sans réfléchir à longueur de débats politiques.
Lire ce livre, c’est accepter de réfléchir, de prendre de la hauteur. C’est aussi être balloté entre deux rives : celles de la France et du Sénégal, du rêve et de la réalité. Ce rêve est entretenu par certains émigrés de passage pendant leurs vacances ou définitivement de retour. « Il avait été un nègre à Paris et s’était mis, dès son retour, à entretenir les mirages qui l’auréolaient de prestige. » Ces discours alimentent les fantasmes et mettent les autres, comme Salie, sous pression. « Au paradis, on ne peine pas, on ne tombe pas, on ne se pose pas de question : on se contente de vivre, on a les moyens de s’offrir tout ce que l’on désire, y compris le luxe du temps, cela rend forcément disponible. »
Si le départ offre de nouvelles possibilités, une manière de s’émanciper, Fatou Diome nous fait comprendre qu’elles se payent au prix fort. « La liberté totale, l’autonomie absolue que nous réclamons, lorsqu’elle a fini de flatter notre ego, de nous prouver notre capacité à nous assumer, révèle enfin une souffrance aussi pesante que toutes les dépendances éviter : la solitude. »
Cette solitude est celle d’un dialogue empêché entre une sœur qui veut protéger son frère d’une réalité difficile à affronter, sans que celui-ci ne puisse le comprendre puisqu’il ne l’a pas vécu.
Bonne lecture et cultivez-vous !
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