La part de sarrasin
Après Ma part de Gaulois, parue en 2016, Magyd Cherfi raconte la suite de son parcours dans La part de Sarrasin, sortie au printemps 2020 (actes sud). Le chanteur et parolier du groupe Zebda nous plonge dans la France des années 80. C’est son récit de la difficulté de vivre sur un fil entre deux cultures : celle de ses parents kabyles, et la sienne, française.
Dans la France des années 80, la gauche s’empare du pouvoir. L’élection de François Mitterrand suscite de la crainte chez les immigrés, arrivés pour répondre aux besoins de main d’œuvre provoqués par les 30 Glorieuses. Ils ont encore en mémoire son action pendant la guerre d’Algérie.
Chez leurs enfants, dont Magyd Cherfi fait partie, cette élection soulève un espoir. Celui que la gauche permette à la France de se rapprocher de ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. Malheureusement, cet espoir ne va pas tarder à se transformer en désillusion. « Par sa timidité, ses calculs, il qualifiait l’extrême droite, clouait cette fenêtre à laquelle on croyait et qui s’appelait la gauche. »
Ce récit raconte les difficultés d’intégration de toute une génération et la déception de constater un fossé entre la théorie et la pratique. Elle se retrouve à marcher sur un fil entre deux cultures qui ne l’accepte pas vraiment, avec en prime une crise économique qui commence. « La « crise » achevait les faibles qui, eux même, s’entredévoraient, je faisais partie de ce tout glauque. »
Dit comme ça, j’ai conscience que ça semble lourd et indigeste mais le propos est servi par un sens de l’autodérision certain. Enfin, le mérite principal de cette lecture est d’offrir le point de vue de quelqu’un qui est confronté à cette réalité. Ça permet au lecteur de prendre un peu de hauteur.
Bonne lecture et cultivez-vous !
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