La commode aux tiroirs de couleurs
La commode aux tiroirs de couleurs est le premier roman d’Olivia Ruiz, paru chez Jean-Claude Lattès en 2020. Son principal intérêt est de proposer, grâce à la fiction, une réflexion sur l’exil, la transmission et la maternité.
L’histoire de Rita, la grand-mère de la narratrice, est semblable à celle de beaucoup d’autres enfants de républicains espagnols. À la fin de la guerre civile, durant l’hiver 1939, elle est contrainte au départ. Avec ses deux sœurs, elles atterrissent en France, à Narbonne, seules.
« Si nous étions restés nous serions mortes pendant la guerre, on nous aurait torturées où tuées, nous accusant d’être porteuses du « gène rouge », puis nous aurions dû vivre côte à côte avec nos bourreaux sous prétexte que la guerre était finie. »
Suite à ce douloureux déracinement, c’est son parcours de vie que le lecteur découvre au fil des pages. C’est un itinéraire où les douleurs et les peines côtoient la joie et l’amour. L’autrice évoque aussi les difficultés d’intégration. Même si Rita souhaite s’émanciper et prendre en main le contrôle de sa vie, elle est trop espagnole pour les uns, trop française pour les autres. Si bien qu’elle écrit à sa petite fille la difficulté de se replanter : « Pour moi comme pour beaucoup d’immigrés, qui ne sont ni d’ici ni de là-bas, le voyage est une autre résidence, comme la langue est une maison. »
Avec de gros morceaux biographiques à l’intérieur, c’est aussi la difficulté de la transmission d’un tel vécu d’une génération à la suivante qui est racontée dans cette fiction.
Bonne lecture et cultivez-vous !
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